Yearbook 2010

Antaiji



Jido


Cette nouvelle année passée à Antaiji aura été marquée par le sceau de l’apprentissage… l’apprenti sage en plein apprentissage en alternance entre l’étude et la pratique, le zafu et les samu avec possibilité en permanence de mettre en pratique la pratique. Or, comme le temps est ce qu’il y a de plus précieux lorsque l’on chemine sur la Voie, et il n’y a pas une minute à perdre. Touts les situations d’une journée peuvent être utilisées pour en tirer un enseignement, une information sur soi ou mieux, pour prendre un engagement à s’efforcer dans l’avenir de faire telle ou telle chose comme cela au lieu de comme d’habitude. La vie devient dès lors beaucoup plus intéressante car remplie d’opportunité de progression.  Apprendre à apprendre est la clé de tout apprentissage. Ne pas chercher à comprendre, juste se contenter d’apprendre. Ces deux mots, en français, sont composés à partir d’un tronc commun, prendre et il est donc ici question de prendre quelque chose. Dans le premier cas, la préposition latine « con » indique que ce qui est pris l’est « avec » quelque chose ou quelqu’un, soi étant implicite car si on « con-prend » une chose, c’est bien pour conserver ce qui est compris par devers soi afin de pouvoir s’en servir. Dans le cas du verbe apprendre, la particule privative « a » indique qu’il n’y a rien à prendre ce qui ne veut pas dire que l’on ne puisse utiliser l’expérience acquise pour l’améliorer. Si comprendre renseigne le plus souvent sur le pourquoi d’une chose en rapport avec son existence, apprendre fait appel au comment de cette même chose en rapport avec son utilité et son usage. Pour comprendre, on suivra toujours un processus intellectuel alors que pour apprendre, suivre un exemple empirique pourra être largement suffisant. Dans un cas, il y aura raisonnement, dans l’autre résonnance, dans l’un, pas mal de discours, dans l’autre, souvent beaucoup de silence. 

Une autre particularité  de verbe « prendre » est d’être lui-même composé à partir du verbe « rendre » auquel on aurait rajouté un « p » ce qui laisse à penser qu’en phase d’apprentissage, il devient nécessaire non seulement de ne rien prendre mais en plus de rendre quelque chose. On peut rendre des comptes, rendre sa copie ou un devoir, rendre grâce ou hommage ou encore se rendre compte. Toutes ses restitutions n’ont qu’un seul et même but, celui de valider l’expérience acquise pour une intégration parfaite. Ainsi se rende à l’évidence deviendra l’action de reddition et d’abdication par excellence, celle qui précèdera le fait de se rendre compte, passage obligé à toute réalisation.  Si je veux régler un problème, il faut tout d’abord que je prenne conscience de son existence. Ensuite, il faut que je l’accepte en me rendant en l’évidence de sa présence. Enfin, il faut que je m’en rendre compte. Ce n’est qu’ensuite que je pourrais lui rendre hommage par reconnaissance d’une solution. Ainsi, de problèmes en solutions, je pourrais exister en m’excitant dans cette quête permanente jusqu’à la dissolution finale de celui qui pose tous les problèmes « moi ». Sans « moi », pas de problème, rien que des solutions et pas de question en l’absence de questionneur, rien que des réponses.  L’être humain est un prédateur qui appréhende tout sans la moindre appréhension. Il saisi puis s’attache à ce qu’il vient d’accaparer sans se rendre compte qu’il en devient par la même esclave. Il se retrouve très vite possédé par ses propres possessions, prisonnier de son avoir et finalement dépourvu de son être. Il se croit grand parce qu’il a et pense avoir tout compris au prétexte qu’il croit savoir. Et pourtant, s’il y a bien une chose qu’il devrait savoir, c’est qu’il n’y a rien à comprendre puisque tout l’est depuis le début. Il devrait savoir que le tout petit être ne peut comprendre l’univers qui le comprend dans la sagesse de sa globalité et que ce n’est qu’une question de dimensions, non d’intelligence.


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