Yearbook 2012

Antaiji



Nadine


    Antaiji
J'avais l'habitude de venir faire des sesshins à Antaiji à l 'époque ou j'habitais à kyoto il y a une vingtaine d'années. Ayant reçu mes premiers enseignements du Dharma à Ceylan, ou j'avais eu l'occasion de faire ma première retraite Vipassana , j'avais décidé de vivre en Asie pour poursuivre ce cheminement spirituel allant de temple en monastère. Ce que je découvris au Japon était une pratique collective, codifiée, laissant peu de place aux vélléités personnelles. Comme à l'époque, j'étais la seule gaijin présente j'ai du faire avec mon japonais pauvre et me débattre avec les règles que je ne comprenais pas. Les repas étaient devenus une vraie épreuve, Oryoki insurmontable et malgré les conseils zélés que me prodiguait un jeune moine dans l'art de ranger les bols et faire les noeuds, rien n'y faisait et faute de pouvoir vider mes bols à temps, j'avais pris le partie de manger le minimum.

Je caressais le rève de revenir un jour à Antaiji confronter mes souvenirs à la réalité et vérifier ou j’en étais de ma pratique.

C'est ce que je fis ce Printemps. Arrivée à Antaiji en début d'après-midi, avec un petit groupe rencontré dans le train depuis Osaka et dans le bus depuis Osaka, on a été accueillis chaleureusement par de jeunes moines qui nous donnaient toutes les explications sur les activités, l'oryoki et les règles du temple.

Le lendemain, lever aux aurores, course jusqu'au hondo oubliant d'éteindre les lumières, de replier le futon... et ne sachant comment éteindre mon nouveau portable (dont je ne connaissais pas bien le fonctionnement), celui-ci s'est mis à sonner de façon inattendue en perturbant la méditation du matin!! Le stress était déjà au rendez-vous. Toutes les leçons de Pleine Conscience perdues en quelques fractions de secondes! !Quelle déception! . En ce premier jour, ce lieu ou je mettais tellement d'espérance de paix et de tranquilité fut le théatre de mon chaos intérieur!

Transformer sa souffrance

Moment d’observer ma frustration, ma colère, mes peurs resurgies de l’enfance, mes formations mentales et émotionelles qui font un véritable feu d’artifice. Accepter qu’ils sont en moi, qu’ils sont cette partie de moi que je me refuse de voir. Accepter de les reconnaître et de les éteindre, et finallement retrouver le contact avec ma respiration ; J’inspire, je sais que j’inspire, j’expire, je sais que j’expire.

Apprendre à S'arrêter

Au village des Pruniers , lorsque retentit la cloche nous nous arrêtons de marcher, de bouger, nous pratiquons l'Arrêt ou Samatha. Ici à Antaiji, au son de la cloche, tout le monde se précipite, se hâte.Et je ne peux m’empêcher de me réciter ce poème :

Je suis chez moi, je suis arrivée.
Il n’y a qu’ici et maintenant
Bien solide, vraiment libre
Je prends refuge en moi-même
Trouver sa place

Suis je au bon endroit, au bon moment, à faire ce qu'il faut faire ou ce que l'on m'a dit de faire? Le premier jour du sesshin à la première méditation du matin, je me perds déjà dans le hondo et me retrouve face à face avec Muho sensei qui devant mon étonnement me lance un regard bienveillant et amusé. Et l’une des novices japonaises de me retourner d’un geste prompt dans le bon sens de la marche.

Oryoki

Ah ces repas du matin ! Les haricots blancs à la sauce tomate ont bien failli m’étouffer. Le bruit des baguettes a cessé, et me voilà seule à batailler dans le silence avec ces haricots et ce bol plein de genmai qui ne veut pas se vider. J’inspire, je sais que je mange, j’expire, je sens que je m’étouffe. Esprit compassionné du Tenzo qui désormais me sert demie ration.

L’esprit du débutant

Je m’étais rendue compte que dès que je me trouvais dans une situation que je ne contrôlait pas,surgissait la peur, puis la panique et enfin de la colère.

Apprendre à apprendre. Je sens que chaque nouvelle situation me met dans un état de stress. Je suis pourtant venue ici pour me confronter à de nouvelles expériences. Je sens mes limites, mes insuffisances…

J’essaie de ne pas me juger et de d’être douce avec moi-même.

Le temps est ici notre maître, les sons de la cloche qui ponctuent les activités, notre guide. Le temps ne m’appartient plus, il me traverse. Je ne décide plus de rien, est-cela la liberté ? Lâcher encore et encore…

Samu, la méditation du travail

Aujourd’hui, les pieds et les mains dans l’eau, je cherche des pierres dans un champ de riz.

Hier, on m’a envoyée désherber, monter un grillage autour du poulailler, finir de nettoyer les fossés autour du temple. Je renâcle et me dis que je vais prendre le taxi avec mon compagnon de samu sur le départ.

Impermanence des sentiments.

Le lendemain, je suis toujours là pour le grand ménage du temple et le surlendemain début du sesshin.

La Sangha

Partager le quotidien ensemble génère de l’énergie et de la confiance. La Sangha est un bateau qui nous emmène sur les rivages de la transformation et de la joie.

Je remercie Muho sensei et toute la Sangha d’Antaiji pour sa bienveillance et son soutien.

Gassho, un lotus pour vous


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